Je l’avais annoncé comme mon gros objectif de l’année, voilà le récit de mon premier vrai trail alpin ! Le Quechua Tour des Fiz !

Un soir de Pasta Party ou j’avais du abuser de bons breuvages, je me souviens avoir proposé à Greg une idée un peu folle, participer au Quechua Tour des Fiz, ni une ni deux, il me répond banco ! Je tente alors une ruse en annonçant qu’on fera le petit ! Non, non, il voit les choses en grand ! Partons donc sur 60km et 5300D+ ! Me voilà embarqué dans cette belle aventure avec mon pote de la Runnosphère 😉

J-4 – Le voyage

Pour me préparer à cette course, j’avais pris 2 jours de congés, histoire d’aller faire un tour en montagne et me préparer sereinement !

Mais à peine dans le TGV mercredi soir, les péripéties commencent ! J’embarque à 19h30 et après a peine une heure de voyage, notre train s’arrête en pleine voie… Un acte de vandalisme a été perpétré sur le système de signalisation, et ce sera avec près de 3h de retard que notre train arrive en gare de Dijon. Sachant que je vais à Chalon sur Saone ! Heureusement un taxi m’est offert pour rentrer et me posera en bas de la maison, avec une course à plus de 200€ !!! Mais sinon pour ce mercredi soir, au lieu de me coucher tôt, je serais dans mon lit à 3h du mat !

J-3 – Sallanches

Le lendemain, un peu de jardinage avant de prendre la voiture et me rendre à Sallanches, la ville dans la vallée de Chamonix pour une belle journée ensoleillée, au programme farniente, pique nique et baignade 🙂 J’y croise Julien qui sera le samedi sur la 6000D et qui a fait un peu de rando sur le parcours du Tour des Fiz et m’annonce un peu la couleur…

J-2 – Mise en jambe

Le vendredi, le programme est plus complet, le midi, je monte au refuge de Varan (le premier ravito du trail) mais par la Via Ferrata de Curalla. Il fait un soleil de plomb et les températures dépassent les 30°, j’espère bien qu’il ne fera pas si chaud dimanche !

Arrivé en haut, je fais une petite pause pique et sieste avant de redescendre tranquille. Au total 6km et 500D+.

Je me dirige ensuite vers la station de Plaine Joux qui sera le lieu de départ de la course. L’objectif est de rejoindre les Chalets de Villy, un refuge non gardé au pied du Mont Buet et situé à 1800m d’altitude. La montée est tranquille, je ne force par surtout que j’ai un sac à dos et des chaussures de rando.

Au refuge une seule occupante, une allemande avec qui je bavarde un peu, mais je vais vite me coucher, histoire de prendre des forces ! Malheureusement ma nuit sera encore mouvementée… Ma voisine se met à ronfler et bien sur j’ai oublié les boules quiès ! Et au petit matin, la pluie tombe drue sur le toit métallique, un beau concert !

J-1 – Récupération de Greg et du dossard

Malgré le mauvais temps, je dois vite rentrer, j’ai une hôte qui arrive dans l’après midi à la gare 😉 Mais retour du refuge, petite galère, avec les pieds mouillés et mes chaussures assez neuves, je commence à avoir des ampoules ! Aux petits orteils et sous la plante d’un pied 🙁 En plus, pour la descente, je repère l’itinéraire que nous prendrons pour finir la course ! Et bien sur terrain humide, ça semble vraiment technique, j’imagine l’état dans lequel nous allons arriver dimanche soir dans cette portion ! Bref, ce n’est pas le meilleur moyen de préparer une grosse course !

Mais le déjeuner frugal en famille du midi avant d’aller chercher Greg à la gare me requinque. Une fois récupéré Greg, nous faisons un petit détour au Vieux Campeur histoire d’acheter une poche à eau car Greg a oublié la sienne à Paris et moi un pot de Punch Power Bio Drink Menthe (j’avais acheté Citron). Nous préparons rapidement nos sac avant de remonter à Plaine Joux pour le retrait des dossards.

Nous retrouvons sur place notre ami Doune. Il devait participer au 30km mais déclare forfait, préférant jouer la sécurité car il s’est blessé et n’a pas encore récupéré complètement des 110km de Verbier !!! Greg a une petite galère au retrait du dossard, il se retrouve avec un pour le 30 km au lieu du 60 km !!! On essaye de faire tout ce que l’on peut, mais rien n’y fait, on avisera le lendemain matin.

Le dernier repas se fera après avoir bien pris le temps de préparer tout le matériel et de faire les dernières opérations de rafistolage des pieds au Compeed et strap. Un bon plat de pâtes et au lit à 22h !

H-2 – Le réveil

3h du mat, un horaire un peu étonnant pour un dimanche matin ! Mais nous sommes rapidement sur pieds, Un bol de thé et une bonne portion de Gatosport et c’est parti pour le départ.

Sur la route, la pluie ne cesse pas ! Petite angoisse, pas très envie de passer une grosse journée en montagne et sous la pluie !

Arrivé à 4h à Plaine Joux, il fait encore nuit et on distingue un peu partout sur le parking les frontales qui s’éclairent. Greg parvient à clarifier son problème de dossard et j’ai donc officiellement un partenaire de course ! Un gros ouf de soulagement !

Nous patientons en discutant avec les autres coureurs en attendant le briefing du départ et surtout que la pluie s’arrête 🙂

H-0 – Faux départ

A quelques minutes avant le départ, l’organisation nous annonce 30 minutes de retard au départ, quelques rumeurs de modification du parcours circulent (les barrières horaires sont courtes).

Et voilà l’information officielle qui tombe, à cause de la météo difficile, l’organisation décide de supprimer la montée au refuge du Grenairon, la descente sur le schiste peut devenir dangereuse ! 1200m de dénivelé et 5 km supprimé. La réaction est plutôt bien accueillie :p

M+30 – Le vrai départ

Maintenant, c’est parti ! Toujours le même speaker et la même musique 😉 Nous restons en queue de peloton, je propose à Greg de courir ensemble au moins sur la première moitié du parcours. Je le sais plus rapide que moi mais encore peut être entamé par ses 60km de Verbier 3 semaines plus tôt !

La pluie a cessé, la nuit est belle même si le ciel est encore couvert. Nous nous élançons sur ces premières foulées dans les sous bois.

Cette première partie est assez roulante, un petit morceau de bon chemin, un peu de route et quelques passages en sous bois. Hormis une petite frayeur en voyant le coureur devant moi se fouler la cheville au km 3 et abandonner quelques centaines de mètres plus loin, nous tentons de rester dans le peloton. Arrive les premières montées et surtout celle du refuge de Varan. J’essaye d’évaluer la forme de Greg, sur le plat, pas de soucis, mais dans la montée, c’est plus dur. Le stress du dossard, l’arrivée il y a à peine 24h de Paris et la fatigue de Verbier sont cumulés. Pas grave, on va y aller tout doux et on avisera ensuite.

 

La montée se passe plutôt bien, je prends bien le temps de respecter mon plan nutrition et nous arrivons au refuge de Varan, petit ravito avec le jour qui se lève. Toujours pas de pluie mais beaucoup de nuages. En route pour le refuge de Platé.

Pour s’y rendre, nous devons presque revenir sur nos pas. Une descente technique et assez grasse. J’adore 😉 Je sème Greg qui me rattrape vite et nous arrivons au pied de la première vraie difficulté du parcours, les cheminées de Platé. Avec un brouillard à coupé au couteau, Greg ne peut pas imaginer ce qu’il nous attends et c’est tant mieux, je peux mener une bonne allure et lui reste dans mon sillage sans broncher 😉

Mais quand les nuages s’écartent on se rend vite compte du profil très alpin de cette portion ! Heureusement cela ne dure pas très longtemps et le petit replat avant le refuge permet de remettre les jambes en route avant le ravito de Platé.

3h17 de course – 116/146 – Refuge de Platé

Après un bon arrêt (je vous rappelle que je courais avec Greg, un grand connaisseur des ravito 😉 ) nous entamons la montée vers le sommet des Grandes Platières. A peine reparti, une ferveur traverse le peloton, derrière nous arrivent comme des fusées les leaders du 30km ! Impressionnant, de vraies machines !

Cette petite distraction passé, il est temps de s’élancer sur un lapiaz, une zone rocheuse assez technique. J’y suis très à l’aise et je sens Greg un peu dans le dur. Je l’attends un peu mais voyant le sommet arrivé, j’accélère le pas, je sais qui si je suis plus rapide sur la montée, dans la descente, c’est un vrai cabri et qu’il aura tout le temps de me rattraper. Je prends donc quelques encablures d’avance essayant tout de même de rester en ligne de mire. Et comme prévu une fois passé le sommet, c’est une fusée qui me rattrape et même me dépasse !!! Je dois m’accrocher pour le suivre dans cette interminable descente ! Je suis même obligé de faire des pauses tellement ça turbine et Greg crapahute toujours devant. Je lui fais signe de prendre le large et que je le rejoins au ravito déjà en vue. Petit moment de moins bien avant le lac du Gers.

On nous annonce une petite rallonge pour la barrière horaire de mi course, 6h30 au lieu de 6h, cela tombe, je la trouvais un peu juste ! Et j’avais bien raison, car même en gardant le rythme, il nous faudra un tout petit peu plus de 6h pour rejoindre Salvagny !

6h02 de course – 114/143 – Salvagny

A Salvagny, nous prenons notre temps, d’une part car c’est un gros ravito avec vérification des sacs et un bon buffet, mais surtout car nous avons un comité d’accueil d’exception ! Mes parents sont venus nous rejoindre pour nous encourager et prendre de superbes photos et un couple d’amis de Greg est ici également. Chacun de notre côté nous remercions nos supporters de cette belle attention. On papotte et on prends bien le temps de manger et de se préparer pour la deuxième moitié de la course. Je suis encore très frais et prêt à en découdre avec la suite.

Même si ce ravito était un havre de paix, j’essaye d’initier le mouvement pour repartir ! Greg emboite le pas 🙂

Encore une belle montée malgré la suppression du passage du Grenairon qui devait être ici. Pour moi, la course commence vraiment ici, cette longue ascension représente la dernière difficulté du parcours. Etait un peu moins en forme qu’au début, nous décidons avec Greg de terminer la course ensemble, le peloton étant très dispersé, courir à 2 est un très gros plus !

Dans la montée vers Alfred Wills, nous restons au contact de deux autres coureurs très sympa avec qui nous prenons le temps de discuter, bonne ambiance et une météo qui s’améliore petit à petit 🙂

Après un rapide arrêt au refuge des Fonds, la montée vers Alfred Wills est agréable. Mais c’est surtout la belle descente vers le refuge qui est géniale. Une pente herbeuse et douce, sans obstacles et dans un paysage magique. On à l’impression de voler sur cette pelouse haute et dense !

9h19 de course – 116/133 – Refuge Alfred Wills

L’accueil au refuge est super, on discute avec les bénévoles qui sont vraiment très sympa. On sent que l’arrivée approche ! On nous annonce une montée de 300m jusqu’au lac, puis un replat avant la montée finale de 200m vers le col d’Anterne. Avec déjà 3500m dans les pattes, cela semble dérisoire :p

Il faut encore que je tire Greg du ravito pour repartir, il aurait pu rester l’après midi :p Greg a repris du poil de la bête, et le temps que je m’arrête pour prendre un gel, il m’a distancé dans la montée et je galère à le rattraper. Arrivé au lac d’Anterne, petite pause photo tellement le cadre est beau !

Sur les berges du lac, nous doublons un monsieur en tshirt blanc qui semble un peu fatigué et nous lançons dans la dernière montée. Le soleil pointe, mais c’est le vent qui s’invite à la fête, au col, c’est presque difficilement supportable. Encore une petite photo avant d’entamer la dernière descente !

10h26 de course – 113/132 – Refuge Moëde Anterne

Moëde Anterne est le dernier vrai ravitaillement avant l’arrivée. Nous prenons donc bien le temps de manger et boire avant de partir. Et là surprise, le monsieur au tshirt blanc est remonté et nous double ! Piqué dans notre orgueil, il sera notre point de mire dans la descente 😉

C’est parti ! Alors que j’avais trouvé cette section hyper technique au repérage sur terrain humide, à sec, c’est un plaisir, malgré les efforts accumulés ! Et comme nous sommes encore frais, nous parvenons facilement à rattraper notre concurrent en blanc. Il rechigne un peu à nous laisser doubler dans les singles, mais sent bien que ça pousse derrière.

Il ne reste plus que 5 km de bon chemin roulant. On court sur toutes les descentes et les plats, poussant bien sur les bâtons dans les courtes côtes. J’avais promis à Greg seulement quelques raidillons avant l’arrivée, il faut croire que je me suis un peu planté, car il y en a plus que prévu 😉 Mais ce n’est pas grave, on sent l’arrivée et l’adrénaline monte !

11h43 de course – 113/132 – Plaine Joux

Après avoir couru près de 60km tous les deux, nous décidons de passer la ligne d’arrivée côte à côte, et en courant !

C’est la délivrance ! La voilà notre arrivée, sous un grand soleil. Petit regret pour mes parents qui nous ont raté à l’arrivée, nous avons été plus rapide que le temps que nous leur avions annoncé. Mais nous les retrouvons vite !

Je réalise à peine que je viens de terminer un de mes courses les plus difficiles ! Et pourtant je suis bien, je n’ai pas de douleurs, je suis serein et ultra content !

En plus, juste après l’arrivée, il y a un grand stand avec kinés et osthéos, une petite remise d’aplomb et je serais presque prêt à remettre le couvert 😉

Conclusions

Malgré un gros stress avant la course et des mésaventures jusqu’à quelques heures du départ, j’ai adoré cette course. Le peloton était constitué de vrais traileurs expérimentés et même si nous terminons un peu dans les abîmes du classement, je suis super content de ma performance.

Les 4000m de dénivelé sont bien passé et j’ai terminé en bien meilleur état que l’Ecotrail 80km ! Je commence à connaitre mes besoins en nourriture et à avoir les bons réflexes pour la bobologie et le matériel.

Rien que du prometteur pour se lancer dans de nouvelles aventures 😀

Résultat :

Temps de course :  11:43:19
Vitesse moyenne : 4,68km/h
Classement scratch : 113/132
Classement SEH : 48/52

Remerciements

Je remercie :

– mes parents, ma tante  et ma cousine pour leur accueil chaleureux et les bons repas d’avant course et leurs encouragements.
– Quechua pour cette invitation et l’organisation au top
– Greg (son compte rendu : Mon Quechua Trail des Fiz) pour m’avoir accompagné et motivé dans cette belle aventure, malgré tout les coups de bâtons infligés 😉 Et à la Runnosphère sans qui je n’aurais jamais eu de partenaire pour cette course !

Et je dédie cette course à mon oncle Jean-Marc, disparu trop tôt et que j’aurais eu très grand plaisir de croiser au refuge de Varan dont il a été le gardien pendant quelques saisons.